( AFP / LIONEL BONAVENTURE )
Effectifs, financement de la création, droits sportifs: la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, n'aura "aucun tabou" pour baisser les dépenses du groupe public dans un contexte budgétaire tendu, prévient-elle jeudi dans une interview aux Echos.
"En 2026, quoi qu'il arrive, mon objectif est d'arriver à zéro déficit (...) Et pour cela, des choix difficiles s'imposent à nous", déclare Mme Ernotte Cunci.
Elle chiffre à "150 millions d'euros" les économies à réaliser en prenant en compte le comblement du déficit de 2025 et la baisse attendue de la dotation de l'Etat (-65 millions d'euros), sur fond de marché publicitaire en berne.
"Vu l'ampleur des économies à réaliser, il ne peut y avoir aucun tabou, y compris sur les programmes", assure la présidente du groupe public.
Pour le financement de la création (séries, films, documentaires etc.), "la baisse sera d'au moins 20 millions d'euros et pourrait aller jusqu'à 60 millions d'économies si l'on se conformait à nos strictes obligations légales", développe-t-elle.
"Dans la fiction, le cinéma, nous allons arrêter certains projets, les mettre en pause", avertit la dirigeante.
"Revoir à la baisse notre soutien à la création est une décision très lourde de conséquences" pour la filière (producteurs, auteurs, acteurs...), "mais nous n'avons pas d'alternative", fait-elle valoir.
Côté effectifs, "nous pouvons continuer à baisser", a-t-elle dit, même s'"il n'y a pas encore de cible définie pour l'an prochain".
Les économies concerneront aussi les droits sportifs.
"Ces dernières années, nous avons oeuvré pour conserver nos principaux droits sportifs, que ce soit Roland-Garros, le Tour de France, les JO, les Six Nations, etc. Mais nous sommes conscients qu'il faudra faire des choix et revendre une partie de nos droits", poursuit Mme Ernotte Cunci.
"Trois domaines" seront préservés: "l'offre d'information, les offres pour la jeunesse, et (la) capacité à investir dans les nouvelles technologies, et en particulier l'IA" (intelligence artificielle).
Par ailleurs, la dirigeante juge que la crise à la BBC est "un coup porté à l'ensemble du service public de l'audiovisuel, à l'heure où son existence même est remise en cause".
Le président américain Donald Trump menace de réclamer un milliard de dollars (863 millions d'euros) de dommages et intérêts au groupe public britannique pour avoir déformé ses propos dans un documentaire diffusé en octobre 2024.
Selon Mme Ernotte Cunci, "cet épisode illustre le besoin pour les médias publics d'être irréprochables dans le traitement de l'information, en matière d'indépendance, de rigueur, et d'impartialité".
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